Pourquoi les légumes, plantes et tous les végétaux du jardin ont-ils besoin d'azote ?
Comment l'utilisent-ils ? Ou vont-ils le chercher ? Les engrais riches en azote sont-ils écologiques ?
Savoir reconnaître la faim d'azote (carence) dès les premiers signes et apporter de l'azote au jardin.
Les réponses sur cette page.
Azote : qu’est-ce que c’est ?
L'azote est un gaz, qui fut nommé au XVIIIe par Lavoisier lui-même.
L’étymologie de « azote » veut dire « privé de vie »… ce qui est exactement contraire au rôle de l’azote et ce qu’on en sait aujourd’hui !
L’azote se retrouve dans tout ce qui est vivant : eau, air (il représente 4/5 des gaz qui constituent l’atmosphère terrestre), terre, plantes…
On trouve de l’azote essentiellement dans l’air et dans l’humus (la terre).
Il est également produit par les matières en décomposition, végétales (feuilles mortes, mulch…) et animales (cadavres d’animaux).
Quel est le rôle de l’azote au jardin ?
L'azote est littéralement un composant de la vie.
Tout ce qui est vivant a besoin d’azote pour se nourrir, se structurer, fonctionner et se reproduire. Et dans le cas des plantes, c’est un nutriment essentiel qu’elles puisent dans l’air et dans le sol et transforment pour se développer.
Mais l’azote, en plus de son nom, n’est pas à une contradiction près.
Car c’est un gaz… non assimilable à l’état gazeux ! Pour l’assimiler, il faut le transformer en nitrates, c’est-à-dire sous sa forme minérale.
Dans le sol, ce sont les bactéries qui opèrent cette transformation. Mais pas n’importe quelles bactéries, des bactéries aérobies particulières et limitées. D’où le problème des pesticides et autres biocides qui ont tendance à éliminer la majorité des bactéries essentielles du sol.
Cependant, certaines plantes, dont le moyen de se nourrir et de capter l’azote est différent, peuvent l’absorber à l’état gazeux. Ce sont les fabacées : luzerne, pois, haricots, genets, acacias… essentiellement des légumineuses et plantes ligneuses.
Cela dit si ces plantes réussissent cette performance, c’est encore une fois grâce à des bactéries, mais cette fois elles sont logées dans les plantes en question.
Une fois l’azote minéral assimilé, les plantes vont fabriquer avec des protéines, dont elles vont se nourrir pour pousser.
Pour qu’un sol soit bien équilibré en azote, il lui faut :
- De l’air, et donc des micro-organismes et auxiliaires pour creuser, travailler, aérer la terre (ou à défaut, une grelinette)
- Des apports organiques variés en décomposition (du compost équilibré, du mulch)
- Des arbres pour absorber par les racines l’azote minéral en excès le cas échéant
- Des bactéries pour transformer le gaz en minéraux (donc pas de désinfectants, désherbants ni bactéricides)
- De l’eau
- Des légumineuses ou ligneuses à proximité, donc une rotation des cultures chaque année.
- S’abstenir de travailler le sol à la bêche, au motoculteur ou de retourner les couches de sol (cela perturbe la transformation des matières en humus).
- Des engrais verts, c’est-à-dire des plantes qui produisent elles-mêmes de l’azote.
- Une quantité raisonnable de paillage carboné, en automne, mais pas au printemps : paille, déchets de bois, paillettes de lin ou de chanvre, écorce....
- Un compost équilibré en déchets verts et bruns (3/4 de carbone, 1/4 d’azote)
L’azote est-il respectueux de l’environnement ?
Une fois le travail des bactéries achevé, l’azote minéral (non dégradable) est stocké dans le sol.
S’il est stocké en excès cependant, la pluie va le lessiver et le chasser vers la nappe phréatique. Ce qui contre toute attente engendre une pollution aux nitrates, semblable (bien qu’à une échelle tout à fait différente) à la pollution aux nitrates des nappes phréatiques causée par l’utilisation de produits azotés en agriculture.
Une pollution naturelle, mais une pollution quand même.
C’est pourquoi l’azote naturel, aussi indispensable soit-il, est un facteur de risque important s’il se trouve en excès dans le sol.
Pour cette raison, l’azote doit être apporté au sol de manière réfléchie, calculée, et mesurée. Apporter de l’azote oui, mais au bon moment, lorsque c’est nécessaire, et pas juste par principe.
Par ailleurs ne pas laisser des parcelles de sol nues pendant la dormance du potager par exemple, permet de retenir cet azote et de ne pas le voir lessiver en sous-sol. En agronomie on parle de cultures intermédiaires.
L’azote au jardin en permaculture est une nécessité primordiale retenue par ces principes de jardinage.
On pallie à la faim d’azote en permaculture essentiellement par le paillage et la rotation des cultures, et en ne retournant jamais le sol (bêchage).
Les signes de la faim d’azote
Comme chaque « aliment », l’azote peut être en excès ou en carence.
Trop d’azote pour les plantes se manifeste avec un feuillage « grillé » et jauni ou brunâtre.
L’excès d’azote chez les plantes aura pour conséquence un feuillage trop développé et trop tendre (des feuilles et tiges molles) et donc vulnérable aux maladies et nuisibles. La production de fleurs et de fruits sera très nettement ralentie et diminuée. Vous vous retrouverez par exemple avec des pieds de tomate au feuillage luxuriant et à la croissance spectaculaire… mais pas ou peu de tomates !
Pas assez d’azote se manifeste par une croissance au ralenti, voire à l’arrêt, et un jaunissement du feuillage (chlorose). On appelle ce phénomène la faim d’azote.
Les symptômes de la faim d’azote sont :
- des plantes chétives
- un retard de croissance
- la chlorose des feuilles
- peu de fruits, ou des fruits trop petits
- une chute précoce des fleurs ou des fruits
Le manque d’azote, en plus d’un sol mal structuré, non cultivé ou retourné, se produit lorsque la terre contient trop de carbone par rapport à l’azote. L’azote ne parvient plus à dégrader le carbone.
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Comment faire un apport en azote au jardin ?
L’excès d’azote est aussi mauvais pour le jardin que la carence en azote.
Avant d’enrichir la terre en azote, et de risquer une pollution du sous-sol, analysez la terre. Il existe des kits de test spécial azote, en tube ou électroniques.
Ne faites pas non plus n’importe quoi : recourir à la paille contre la faim d’azote est aussi efficace que de boire de l’alcool pour s’hydrater !
Si votre sol a trop d’azote : apportez du carbone, par exemple avec du BRF (Bois Raméal Fragmenté), du sable, de la paille ou de la sciure de bois par exemple. Sachez cependant que le sol mettra entre 1 et 6 mois pour se rééquilibrer.
Si votre sol manque d’azote, voici plusieurs façons d’y remédier.
Engrais NPK
L’engrais à ration NPK (azote, phosphore et potasse) offre un équilibre chimique parfait de 3 nutriments essentiels à votre sol.
Compost
Si votre compost respecte le bon ratio carbone/azote (déchets bruns/déchets verts), vous n’aurez pas besoin d’engrais : un ajout de compost bien décomposé et tamisé au jardin sera un régime parfait et une imparable solution à la faim d’azote.
Rotation des cultures
En alternant les cultures au potager avec 1 an sur 2 des cultures fixatrices d’azote, vous prendrez une bonne assurance sur les niveaux d’azote dans votre sol.
Plantez des légumineuses après avoir planté des tomates, et n’ajoutez pas trop d’engrais ou de compost à l’automne suivant votre récolte de légumineuses. Le sol sera prêt pour de nouvelles cultures consommatrices d’azote le cycle suivant.
Engrais verts
Les engrais verts ou « cultures de couverture » sont des plantes à semer hors saison qui fixent l’azote dans le sol et empêchent qu’il ne soit lessivé dans le sous-sol. Le trèfle, la vesce, le sainfoin, la luzerne par exemple rempliront bien cette fonction.
Mulch
Le mulch, c’est-à-dire l’herbe fraîchement coupée, est un azote naturel pour jardin. Dispersez-le généreusement sur le sol.
Fumier d’herbivore
Les fumiers d’herbivores (moutons, chevaux…) sont les plus riches en azote. Assurez-vous tout de même de savoir de quoi sont nourris les animaux en question, et mélangez bien les excréments avec du paillis (idéalement biologique et carboné).
Purin d’ortie ou de consoude
Les purins d’ortie et de consoude sont très riches en azote pour jardin et excellents pour protéger vos plantes contre les parasites.
Attention cependant à ne jamais les utiliser purs et à bien les diluer. Et à utiliser avec parcimonie : ce n’est pas parce qu’un produit est naturel qu’il faut en abuser !
Comment créer son propre purin d’ortie ?
- Remplissez un fût en plastique ou en terre d’orties fraîches (feuilles, fleurs, tiges, racines).
- Complétez avec de l’eau de pluie.
- Remuez avec un bâton.
- Couvrez avec un couvercle ou une planche, en laissant passer un peu d’air.
- Remuez de nouveau quotidiennement.
- La formation de mousse est normale (l’odeur aussi !).
- Lorsque la mousse finit par disparaître, au bout de 10 à 15 jours, votre purin est prêt.
- Filtrez alors la macération dans un tamis.
- Stockez le purin (jetez les restes d’orties au compost) dans un récipient non métallique et avec un
- bouchon.
- Diluez le purin à 10 % à l’eau de pluie.
- Arrosez au pied des plantes, jamais directement sur les feuilles.
N’utilisez jamais le purin d’orties pur : c’est un désherbant !
N’abusez pas du purin d’ortie : votre sol serait trop azoté, et cela attirerait les pucerons.
N’utilisez pas de purin d’orties en période de floraison : il ne sera nécessaire que lors de la germination ou de la pousse de vos plantes, pour nourrir les feuilles. Si vous favorisez trop le feuillage avec l’azote d’ortie, les fleurs et fruits ne se développeront pas.
Vous pouvez également faire votre apport d’azote pour tomates en enterrant des orties au fond du trou de plantation.
L’urine contre la faim d’azote , la solution ?
Les permaculteurs et bio jardiniers les plus convaincus ont tendance à considérer que l’urine est de l’azote liquide pour jardin. Il faut toutefois nuancer cela.
Certes, l’urine (humaine ou animale) contient de l’azote.
Seulement voilà, l’azote uréique est une forme de l’azote que le sol de retient pas. L’urine est également très acide, ce qui peut gravement brûler vos plantes. Sans parler des médicaments, hormones et autres « poisons » que nous ingérons régulièrement et qui peuvent se retrouver dans l’urine.
Les résidus antibiotiques par exemple seront par définition mauvais pour les bactéries du sol.
Par ailleurs, l’azote dans l’urine est un azote ammoniaqué. L’urine utilisée devra être « filtrée » en ayant patienté à température ambiante environ 1 mois pour que l’ammoniaque s’évapore. Sinon l’urine risque de brûler vos plantes, comme vous l’aurez sans doute remarqué si vous avez un chien et que celui-ci fait souvent ses besoins sur votre haie ou vos plantations.
Alors, pourquoi ne pas utiliser l’urine pour azoter le jardin, mais attention à bien la diluer (à environ 50 cl d’urine avec un arrosoir de 11 litres rempli avec de l’eau de pluie) et à ne pas utiliser l’urine de personnes sous traitement antibiotique.
Évitez toutefois d’utiliser l’urine dans le potager et réservez là aux plantes non destinées à la consommation alimentaire : fleurs, arbres…