Jardin japonais : création, exemple et aménagement (2024)

Plus qu’une invitation au voyage et l’évocation de l’Orient, le jardin japonais est une invitation à la réflexion. À prendre le temps de réfléchir, de méditer, de se recentrer sur soi.

Les jardins japonais ne sont pas seulement des pièces fantastiques d’esthétique et d’art pour les amateurs d’orientalisme ou de design contemporain. Ce sont de petits temples de zénitude.

Tout y a sa place. Le désordre n’est pas invité. Il introduirait le chaos là où on recherche l’équilibre et la sérénité.

Que faut-il savoir avant de se lancer dans la création d’un jardin japonais ? Quelles sont les difficultés ? Comment le dessiner et quelles plantes japonaises utiliser ?

On essaye de vous expliquer tout ici.

Définition du jardin japonais

Promenades, pièces d’eau, îlots, abris et ponts en bois, roches… sont là pour honorer et célébrer la nature dans ce qu’elle a de grandiose.

On retrace l’histoire des jardins japonais très longtemps en arrière : au 7e siècle, avec les premiers aménagements paysagers des temples bouddhistes et des jardins des seigneurs féodaux.

Les premiers grands artistes du jardin japonais ont mis en place un certain nombre de principes, à mi-chemin entre le jardinage et la philosophie. Parmi eux, l’importance centrale de la roche, et la nécessité d’écouter ce que chaque élément a à dire avant de lui choisir un emplacement.

Au travers de ce respect de la nature, c’est une posture spirituelle : la terre est pure, paradisiaque, et céleste.

On pénètre le jardin japonais avec le recueillement que l’on peut connaître lorsqu’on pénètre à l’intérieur d’un temple. Le principe taoïste est clair : la nature est sacrée.

L’origine des jardins japonais voulait que ces endroits soient des temples paysagers dans lesquels les divinités étaient invitées à se reposer.

Vous l’aurez compris, le jardin japonais n’est pas le jardin des pique-niques et des jeux dans la piscine ! C’est une bulle de calme et de beauté.

L’harmonie fondamentale est traduite par un cadre qui offre, ou que l’on regarde, une perfection plastique.

Mais jamais le jardin japonais ne donne volontairement dans le spectaculaire. Il est composé comme un tableau, avec sobriété et élégance.

Avant d’aménager le jardin japonais, on observe et analyse les paysages pour disposer les éléments minéraux, végétaux et vivants fidèlement au travail fait par la nature, juste à une échelle de paysage différente.

Dans cette célébration de l’équilibre, la dissymétrie est très importante : on abandonne le point de fuite du jardin à la française, on organise des pleins, des vides, des échos. Le chiffre impair est également essentiel.

La dissimulation est également centrale : on cache des éléments pour les faire apparaître au moment opportun. On organise la surprise. Par exemple, les sentiers et l’absence visible de limites donnent l’impression que le jardin japonais n’est pas clos. Or il est toujours emmuré. Simplement caché par des feuilles géantes et des lignes de bambous savamment étudiées.

Vous souhaitez créer un jardin japonais ?

Au cours des époques et des styles, le jardin japonais a eu diverses typologies, mais on en garde principalement trois :

  • Le jardin Sukiyama, qui représente en miniature les paysages naturels. Ce trompe-l’œil a des rochers qui deviennent des montagnes, des bassins qui deviennent des lacs. La hauteur des plantes est étudiée pour donner un effet de panorama.
  • Le jardin Karesansui, qui est un jardin sec. Il nous vient des jardins zen des temples bouddhistes. Le sable au jardin japonais représente la mer, et les dessins faits au râteau représentent les vagues, un peu comme une calligraphie dans le sable. Les pierres sont des îles, des montagnes, des volcans. 
  • Le jardin Chaniwa, ou jardin de thé. C’est le jardin qui conduit à la pièce (ou pagode) où se déroule la cérémonie du thé. Il contient une roche creusée appelée Tsukubai, dans le creux de laquelle de l’eau permet de se purifier avant la cérémonie.

Les éléments du jardin japonais

La plus grande difficulté du jardin japonais est son organisation, millimétrée et réfléchie jusque dans les moindres détails.

Pas de démarcations ni de délimitations claires. Au contraire, on joue sur la taille et la forme pour créer une sorte de flou entre les espaces et dissimuler ce qui doit l’être.

Tout doit y être cohérent. Si l’esthétique est centrale, on ne place pas simplement un élément là parce qu’il est « joli ».

La roche est l’élément central du jardin japonais. Elle est la terre, l’incarnation même de la nature sacrée. Elle abrite l’esprit de Bouddha.

On ne met pas n’importe quelle roche n’importe où : galet, roche volcanique, sable marin, pierres lisses ou brutes. Leur taille, leur couleur, et leurs formes verticales ou horizontales ont leur importance. La pierre crée le relief, sculpte le paysage et donne naissance aux cascades.

Les mousses sont les plantes couvre-sol du jardin japonais, remplaçant gracieusement le gazon.

L’eau symbole de pureté est également importante (sauf dans le jardin sec, qui la représente, mais ne la montre jamais). L’eau est la douceur, la force, la vie. Elle purifie. L’eau dans le jardin japonais peut être un fin ruisseau sinueux, une marre couverte d’algues, un petit lac, une fontaine à bascule…

Dans les petits lacs des jardins japonais, qui sont parcourus par des ponts, des carpes koïs sont un autre symbole fort de la culture japonaise. Tout comme l’eau incarne la vie, les carpes koi sont des symboles de longévit.

Les lanternes sont plutôt une « européanisation » du jardin japonais, qui ne les utilisera traditionnellement que pour éclairer le chemin.

Les pas japonais eux aussi ont une vocation purement pratique, pour éviter d’écraser la mousse, mais la pierre qui les constitue est elle aussi choisie minutieusement.

Le bambou est le matériau de construction des fontaines et des clôtures.

Les petits sentiers étroits couverts de gravier fin contribuent à donner à la déambulation un aspect mystérieux. Ils orientent le visiteur, le contraignent à ne voir que ce que l’on désire montrer.

Dans le jardin de sable zen, on ne marche ni ne piétine le sol, sauf pour le dessiner au râteau et l’entretenir. On ne fait qu’observer ses dessins pour méditer.

Le jardin japonais : où et pour qui ?

Le jardin japonais est par définition le jardin des esthètes.

C’est également une forme de jardin qui se marie très bien avec les maisons d’architecture contemporaine et les amateurs de design.

Cependant le jardin japonais de type sec (jardin japonais Karesansui) et minéral convient bien à la nécessité de trouver une forme de jardin adaptée aux climats et aux sols secs. Dans son économie d’eau et d’arrosage, il est écologique avant l’heure !

Le jardin japonais est un jardin d’expert. Et artiste, car il faudra longuement en étudier le dessin avant de l’aménager.

Accessoirement, le jardin potager n’est pas un jardin d’abondance : on n’y récolte pas de fruits et de légumes, ce n’est pas un potager, mais un jardin d’art.

En France, il est possible d’aménager un jardin japonais à peu près n’importe où, du moment qu’on choisit des végétaux adaptés et la typologie de jardin japonais qui conviendra.

Vous souhaitez créer un jardin japonais ?

Les sols calcaires et sablonneux sont plus adaptés.

Les jardins japonais résistent généralement assez bien aux hivers froids. Le vent, en revanche, aura tendance à déséquilibrer ses empilements de roches et ses dessins dans le sable.

Peu importe la surface de terrain dont vous disposez, le jardin japonais s’aménage aussi bien dans un jardin de plusieurs hectares que dans une cour intérieure, voire dans une simple vasque de balcon ou un pot de bonsaï !

Avantages et inconvénients du jardin japonais

  • Esthétique
  • Adapté à toutes les tailles, même mini
  • Artistique et créatif
  • Zen, il invite à la méditation
  • Exotique
  • Les parterres en mousse épousent tous les terrains et n’ont pas besoin d’entretien ni de tonte
  • Les pas japonais sont pratiques et esthétiques
  • Peu d’arrosage
  • Supporte la sécheresse et le froid
  • Végétaux peu exigeants en entretien
  • Long et complexe à dessiner en respectant les principes du jardin japonais
  • Végétaux pas toujours simples à mettre en place, jusqu’à ce que l’enracinement soit fait
  • Un minimum de connaissances en botanique est nécessaire
  • Il faut un sens artistique et des connaissances en dessin
  • Pas de fruits, pas de récoltes
  • Attention au vent
  • Assez coûteux selon la taille de jardin

Les plantes et arbres du jardin japonais

La gestion des végétaux dans un jardin japonais est un paradoxe.

D’un côté, l’esthétique du jardin japonais est prévue pour être « figée ». Et de l’autre, les végétaux sont vivants, donc évoluent, changent de couleur, grandissent, perdent leurs feuilles…

Pour cette raison il est conseillé de bien maîtriser la botanique pour choisir ses plantes et savoir exactement comment elles évolueront, leur aspect selon les saisons, leurs besoins en sol et les voisinages qu’elles supporteront ou non…

C’est sans doute pour cela que la taille et la composition de végétaux du jardin japonais est à ce point un art qu’elle porte un nom : le niwaki.

Quant aux bonsaïs, ils sont en eux-mêmes une discipline !

Les végétaux habituels des jardins japonais sont :

Abricotier
Anémone du Japon
Aspidie du Japon
Astilbe
Azalée
Bambous
Bruyères
Camélia
Carex
Ceanothe prostré
Cerisier à fleurs
Chèvrefeuille du Japon
Cognassier du Japon

Érable du Japon
Euonymus fortunei japonicus
Forsythia
Fougères
Fusains nains
Gingko
Hakonechloa macra
Hellébore
Helxine
Hortensia
Hosta
Hydrange
Iris ensata

Pivoine arbustive
Lotus
Mousses
Nénuphars
Palmier de Chine
Pin à cinq feuilles
Pin rouge du japon
Pommetier
Primevères asiatiques
Prunus laurocerasus
Rhododendron
Roseaux
Sagine
Saules...

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Les bonsaïs

L’art du Bonsaï japonais est un art millénaire qui constitue un art à l’intérieur même des jardins japonais. Il faut dire que, en soi, le bonsaï est une forme de jardin japonais (même si l’art du bonsaï est à l’origine chinois).

Dans un pot en raku ou en céramique précieuse, ce petit arbre japonais en bonsaï représente un « arbre miniature ». À ses pieds, de la mousse et de petits personnages composant une scène miniature incarnent un paysage à une échelle différente.

Les bonsaïs sont taillés de manière à les nanifier et de leur donner un aspect ancien.

Ainsi, on guide leurs branches vers le bas pour leur donner l’aspect d’un arbre aux branches lourdes, on taille leurs branches en nuages, on met en scène de petites « forêts en pot ».

Leur taille et leur culture sont très artificielles. On force par exemple leurs racines à ressortir hors de terre et à se contracter pour survivre dans un minimum de terre. On essaie également de garder un nombre de feuilles réduit par branches.

Cela prend des décennies à un arbre pour devenir une pièce artistique. Ce sont au fond des arbres « sculptés ». Plus ils sont travaillés et plus ils ont de la valeur.

Les bonsaïs vivent bien à l’extérieur, comme toutes les plantes pour jardin japonais miniature, et tolèrent les grands froids (ils ont vu pire !).

Ils sont cependant fragiles dans le sens ou le peu de terre à disposition suppose un arrosage très fréquent (plusieurs fois par jour) et des nutriments apportés.

Si vous décidez de vous lancer, vous pouvez commencer avec un arbrisseau, ou acheter des bonsaïs déjà anciens (le prix est à l’échelle du nombre d’heures passées à les former et peut être colossal).

Les bonsaïs anciens sont vendus avec un certificat d’ancienneté.

Commencez par exemple avec de jeunes érables du Japon, ficus, genévrier, pommier ou myrte. Puis torturez-les à volonté en les privant de ressources et en forçant leur miniaturisation… si vous en avez le cœur !

Les accessoires du jardin japonais

  • Lanternes en papier (toros)
  • Fontaines à bascule en bambou (shishi odoshi)
  • Fontaine en pierre (tsukabai)
  • Statuettes japonaises ou figurines de Boudhha
  • Mur d’eau
  • Pas japonais
  • Gravier et paillage minéral
  • Ponts en bambou au-dessus des bassins de carpes koi
  • Pagode

Inspirez-vous : jardins japonais célèbres

Au Japon :

Pour visiter un jardin japonais en France :

Comment créer un jardin japonais, étape par étape

  1. Le plus difficile sera le plan de jardin japonais. Étudiez longuement le dessin traditionnel de jardin japonais. Collectez l’inspiration pour jardin japonais en photo. Inspirez-vous d’exemples de jardins japonais. N’oubliez pas que tout est organisé de manière impaire et dissymétrique. Pensez également à inclure les règles du Feng Shui.
  2. Étudiez chaque perspective et cadrage, et dessinez les allées en fonction.
  3. Nivelez le sol selon les effets de perspective désirés.
  4. Construisez votre clôture extérieure
  5. Construisez votre bassin et vos éléments architecturaux : pagode, ponts…
  6. Terrassez la plage de gravillons et les rochers
  7. Implantez votre rivière sèche ou mère sèche en jardin zen et ratissez vos dessins de vagues
  8. Placez les pas japonais en pierre dans les parterres de mousse
  9. Placez les fontaines.
  10. Plantez. Vous aurez préalablement débarrassé le sol de toute végétation locale avec une bâche d’étanchéité.
  11. Taillez.

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Prix de la réalisation d’un jardin japonais

Pour moins de 20 m2, comptez environ 1200 € par m².

Le tarif deviendra dégressif au-delà de 100 m², et selon les éléments de décoration et le nombre de bonsaïs que vous voudrez ajouter.

Si vous n’avez pas les connaissances botaniques et d’aménagement pour dessiner vous-même votre jardin japonais, il vous faudra faire appel à un architecte paysagiste spécialisé dans les jardins japonais et jardins zen. La France en compte quelques-uns.

Il faudra sans doute importer certains éléments directement du Japon. En particulier les bonsaïs si vous en voulez.

Quel est le budget d’entretien du jardin japonais ?

La construction d’un bassin de carpes koi devra faire intervenir un spécialiste de ce genre de bassins. Il faudra en France rentrer les carpes koi l’hiver, selon la région ou vous vivez : prévoyez un aquarium intérieur suffisamment grand, ainsi que l’entretien d’hivernage du bassin !

L’entretien du jardin japonais pour ramasser les feuilles et redessiner le jardin zen nécessite au minimum 2 interventions par semaine. Sur la base de 20 à 40 € de l’heure pour un jardinier spécialisé.

Cependant, par rapport à un jardin classique, le jardin ne demande pas autant d’opérations de taille, de nettoyage, de traitements, d’arrosage…

Peut-on créer un jardin japonais d'intérieur ?

Rien de plus simple : quelques bonsaïs, ou une large vasque pour y placer votre jardin zen et vous aurez votre propre petit jardin japonais zen.

Schématisé à l’extrême, un jardin japonais est un paysage miniaturisé qui invite à la méditation et à la contemplation. Il ne tient qu’à vous de trouver l’inspiration !

Une table basse ou un petit jardin japonais sur terrasse peuvent à leur échelle parfaitement contenir un jardin japonais.