Il n’y a rien de plus coquet, mignon, qui fleure aussi bon la campagne française de l’entre-deux-guerres qu’un petit jardin de curé !
Le charme suranné de ces jardins nous fait voyager dans le temps. C’est un jardin de grand-père dans lequel l’agrément et le potager se mêlent avec joie.
Découvrez comment créer un jardin de curé chez vous : quelles plantes installer, comment organiser votre jardin, les touches de déco et accessoires pour une ambiance jardin de curé tout droit sorti d’un livre de Colette ou Pagnol.
C'est quoi un jardin de curé ?
Ce qu’on appelle jardin de curé, jardin d’antan, jardin de campagne ou encore jardin campagnard c’est tout cela à la fois : un petit jardin pratique, sain, entretenu, mais pas sophistiqué du tout. Un jardin simple et sobre, dans lequel il fait bon vivre et prendre une pause pour apprécier le souffle du vent ou la brise dans les arbres, sur un vieux banc en bois, à l’ombre d’un marronnier.
La « douce France » est synonyme du jardin de curé, car s’il est intemporel il évoque malgré tout le temps où on prenait le temps. De vivre, de profiter, d’observer. Explorons plus en détail le secret de ce petit paradis terrestre.
Alors qu’est-ce qui fait ce charme du jardin de curé ?
Tout d’abord, il ne faut pas confondre jardin de curé et jardin monastique. Le second tient plus du jardin médiéval, et est organisé avec force discipline pour pourvoir aux besoins de la communauté, avec des herbes et légumes utiles aux bénédictins.
Un jardin de curé est à l’origine un jardin clos près de l’église. La signification du jardin de curé est celle d’un petit jardin de particulier (qui n’est pas obligatoirement un membre des Ordres !), sur une petite parcelle de terre, sans prétention et sans symbolique particulière autre que celle de faire pousser des fleurs et des légumes pour le plaisir et pour manger sainement.
Le jardin de curé est un peu brouillon : loin des allées organisées du jardin de monastère, il mélange allègrement fleurs, légumes, arbres, fruitiers et herbes aromatiques. Des plantes autochtones, rustiques, utiles. La majorité d’entre elles sont vivaces, ou semées avec patience.
Quelques chemins le traversent, que ce soit sur des planches ou sur des graviers jetés au sol un peu rapidement. Là où il faut des bordures, on retrouve quelques amas de pierres sèches et un peu de bricolage qui « fera l’affaire », mais rien d’architecturé ni de savamment construit.
C’est justement cette simplicité et ce côté naïf qui rend le jardin agréable et le jardinier heureux.
Mais surtout le terme « jardin de curé » évoque l’esprit « bon vivant » dont le curé est une figue dans l’imagerie d’Épinal.
Ces jardins sont définitivement des jardins typiques de la campagne française : glycines, portail en fer forgé un peu rouillé, pierres recouvertes de mousse, grosses pivoines, champs de ciboulette, de persil et de thym au milieu desquels de vieux rosiers ont trouvé leur place…
Les éléments du jardin du curé
Pas de sections nettes et précises au jardin de curé Fleurs, aromatiques, plantes médicinales et potager sont mélangés. Les lignes de plantation sont tirées au cordeau et on a de l’espace pour circuler entre les allées, mais pas a priori de zonages.
Ce qui doit être arrosé est près du puits ou du point d’eau, et les arbres qui poussent sans arrosage sont plus éloignés.
Les fleurs sont généralement près de l’habitation : on veut pouvoir en profiter, le temps de la floraison.
L’espace étant plutôt petit, il n’y a pas de place pour une pelouse, ou alors sur les parties surélevées du terrain. Peut-être autour du poulailler, si les poules n’ont pas tout ravagé.
On trouve encore dans le potager un cordeau de ficelle tiré entre deux piquets et les outils de jardinage qui ont échappé à la cabane à outils.
Des châssis de serre sont fabriqués avec du matériel de récupération, comme d’anciennes fenêtres, pour protéger les salades et radis des lapins et du froid.
Il y a autre chose qu’on ne trouve pas dans le jardin de curé : les produits chimiques. Au mieux un peu de bouillie bordelaise pour les rosiers, mais le reste des traitements sera une savante pharmacopée de décoctions maison et de purins de plantes.
Au fond du jardin de curé, à l’abri derrière une haie de groseilliers, le tas de fumier et le compost attendent d’être mis à contribution.
Généralement le jardin de curé est situé sur la face arrière ou le côté de la maison, en toute discrétion, même s’il n’est pas nécessairement caché ou emmuré. Il est simplement « tranquille ».
Malgré que ce concept de jardin sente bon la nostalgie de l’enfance, le jardin de curé est étonnamment moderne : il répond à un besoin de retour au calme, aux valeurs de la terre, à la récupération et au recyclage, au respect de la biodiversité, aux légumes oubliés, aux tisanes d’herbes médicinales…
Les nichoirs et abreuvoirs y sont disséminés. Dans un coin traîne un arrosoir ou un vieux tuyau. Si l’on a cette chance, un puits sert d’abreuvoir aux oiseaux.
Quelques poules déambulent librement.
Le jardin de curé : ou et pour qui ?
N’importe quel petit terrain de maison de campagne française fera l’affaire.
Plus le terrain est petit et mignon, plus il sera facile de recréer cet esprit. Il n’y a pas de mini jardin de curé, seulement des jardins de curé plus précieux.
En milieu urbain rien ne l’interdit, mais le jardin de curé trouve vraiment sa justification dans le calme et la sérénité qui règnent dans la France rurale.
Avantages et inconvénients du jardin de curé
- Écologique.
- Économique.
- Il recycle de vieux objets.
- Facile à entretenir.
- Pratique.
- Accueillant et calme.
- Un peu brouillon pour le jardinier trop méticuleux.
- La proximité des végétaux augmente le risque de champignons, bactéries et parasites.
- Petit.
- Pas de surface engazonnée ni d’aire de « loisirs » ou de jeux pour les enfants.
Les plantes du jardin de curé
Pour créer un jardin de curé en termes de plantations, un seul mot d’ordre : mélangez.
Le potager et les fleurs du jardin de curé sont pêle-mêle, simplement installés à un endroit qui leur convient pour l’exposition. Les fleurs répulsives sont plantées en voisinage de légumes qu’elles protègent des nuisibles. Seuls les arbustes de haie et les arbres sont un peu « regroupés » pour des raisons pratiques.
Au jardin du curé on met en premier lieu des plantes vivaces (faisons confiance à la nature pour s’autosustenter et aux pollinisateurs) et on n’essaie pas d’assortir les couleurs. Cherchez à assembler des éléments végétaux et décoratifs aussi hétéroclites que possible.
Le ton est donné par les légumes rustiques, autochtones, traditionnels et quelque peu désuets, mais résistants :
Arbres fruitiers (groseilliers, cassis et framboisiers et verger)
Aromatiques
Begonias
Capucines
Carotte
Chou
Courges
Épinard
Geraniums
Giroflées
Glycine
Immortelles
Laurier d’Alexandrie
Lys de la Madone
Oeillets d’inde
Panais
Pâtisson
Pivoines
Pois de senteur
Pomme de terre
Potimarron
Radis
Rhubarbe
Roses trémières
Rutabaga
Salades
Salsifis
Tomates
Navets
Topinambour
Tournesols
Plantes médicinales au jardin de curé
Si le jardin monastique d’abbaye avait un « carré des Simples » riche et varié en plantes médicinales, le jardin de curé a une variété de plantes qui soignent beaucoup plus modeste, et se contente des variétés qui ont « fait leurs preuves » et qui sont faciles à cultiver... en plus d'être aromatiques (restons pratiques).
Angélique
Aubépine
Cerfeuil
Coriandre
Estragon
Mélisse
Menthe
Sarriette
Sauge
Thym
Verveine
De manière aussi amusante qu’historique, la botanique regorge de références religieuses.
Du jardin de curé au jardin monastique en passant par les herbes bénédictines, la menthe de Notre-Dame, l’œil de Dieu, le coeur de Marie, la poire Williams Bon Chrétien, l’herbe de Saint-Pierre, la monnaie du pape, le lys de la Madone…
Cela s’explique en partie par le fait que les latinistes érudits à l’origine de la botanique étaient très souvent des hommes d’Église.
C'est pour cela que le "jardin de curé" est ainsi surnommé car, traditionnellement, en France, les potagers ont longtemps été l’affaire des ecclésiastiques. Si les paysans connaissaient bien le potager et le verger, les religieux connaissaient les plantes médicinales et le nom latin des fleurs !
Les accessoires du jardin de curé
Des treillis en noisetier ou en fer forgé pour soutenir des rosiers, lierres ou vignes.
Nichoirs, abreuvoirs et mangeoires.
Une cabane de jardin/remise à outils.
Des objets chinés. Pas de plastique dans le jardin de curé : du bois, du fer forgé, de la pierre, de la corde, de la terre cuite. Et beaucoup de « récup » et de vaisselle dépareillée pour remplacer les soucoupes perdues avec le temps. Il n’est pas rare d’y trouver quelques fleurs ou succulents qui poussent dans une vieille cafetière ou soupière…
Aucun espace n’est perdu et de nombreux pots occupés de plants sont disposés çà et là, sur leurs coupelles.
Des petits tabourets en bois ou des bancs en pierre attendent à l’ombre des arbres que le jardinier vienne s’y reposer ou admirer son jardin.
Pas de parasol, les feuillages des platanes, marronniers et tilleuls remplissent cette fonction.
Le « mobilier » de jardin consiste en une table en bois protégée par une toile cirée (pour écosser les petits pois, éplucher, lire le journal…) et des chaises dépareillées, ou un vieux transat en osier tressé.
Si vous voulez faire un clin d’œil au curé, et si vous n’avez pas peur du kitsch, beaucoup de vieilles maisons ont des niches creusées dans les murs : installez-y une Madone ou un petit autel avec des objets de brocante.
Si votre jardin vous le permet, un petit bassin pour les oiseaux sera parfait (avec pompe solaire, idéalement. Elles n’existaient pas pendant notre enfance, mais elles respectent l’idée d’écologie avant l’heure des jardins de curé.)
Dans le même esprit, un hôtel à insectes fabriqué avec des matériaux de récupération (un ancien meuble d’église pourquoi pas !) trouvera naturellement sa place.
Si vous tenez absolument à ajouter un éclairage à votre jardin, choisissez le discret et limitez-le aux abords de la maison. Le jardin de curé n’a pas vocation à être un jardin nocturne (à la campagne et au jardin, la nuit, on se repose).
Inspirez-vous : quelques jardins de curés célèbres
Vous trouverez l’inspiration et pourrez dessiner votre plan pour faire un jardin de curé ainsi que de nombreuses photos de jardins de curé en visitant les villages de nos campagnes.
Le jardin de curé est modeste et discret, et omniprésent dans les vieilles campagnes (moins la maison est moderne, plus vous aurez de chance de trouver un petit bijou derrière). Promenez-vous et observez.
Le jardin de curé ne fait pas de publicié et il y a malheureusement peu de chances de trouver sur une vraie perle de jardin de curé dans les grands châteaux, parcs de domaines et lieux historiques. Ils sont davantage dans les terrains de particuliers et vieilles maisons de famille.
Mais l’avantage est que le jardin de curé ne suit pas un dessin précis, et que vous pourrez sans risque prendre des éléments divers ça et là et les assembler dans votre jardin en patchwork.
- Jetez tout de même un œil au jardin du presbytère Saint-François-Xavier à Paris.
- Certains musées d’arts et traditions populaires ou de reconstitutions de villages « rétro » mettent également en scène de jolis jardins de curé.
Comment créer un jardin de curé, étape par étape ?
- Récupérez des vieux pots, meubles, vaisselles, objets en fer ou en bois, en terre cuite, et recyclez.
- Implantez des haies de fruitiers en circonférence et au fond du jardin pour cacher le compost ou la cabane à outils par exemple.
- Les arbres dans les jardins de curé sont généralement de gros arbres, qui procurent de l’ombrage. Donc anciens. Il vaut mieux que des arbres soient déjà préexistants sur votre terrain, sinon vous risqueriez d’avoir à acquérir des arbres grande taille, à un prix souvent exorbitant, pour la création d’un petit jardin de curé arboré.
- Ne dessinez pas d’allées larges et droites, plutôt de petits "sentiers" sinueux.
- Pour le reste, un seul mot d’ordre : désorganisez un joyeux fouillis dans les plantations. Ne faites rien de trop sophistiqué, même si les détails peuvent être soignés.
- Jetez des pelletées de petits cailloux dans les allées et la cour donnant accès au jardin. Ne semez pas de gazon, ou seulement autour des arbres du verger.
- Installez une glycine ou une vigne en façade de votre maison, côté jardin.
- Vous pouvez laisser le tuyau d’arrosage visible, sur un joli tourniquet en fer par exemple.
- Ne soyez pas trop pressé : le jardin de curé s’aménage avec patience et beaucoup de temps, au fil d’objets chinés et de plants de vivaces chipés çà et là.
Prix de la réalisation d’un jardin de curé
Il n’est pas vraiment besoin de faire intervenir un architecte paysagiste pour créer votre propre jardin de curé. Toutefois si vous préférez vous adjoindre les services d’un architecte paysagiste qui vous expliquera en détails comment réaliser un jardin de curé tout en respectant l’histoire de votre région et ne pas faire d’impair, il vous en coûtera en moyenne de 350 à 700 € le m2 pour avoir des plans.
La plupart des végétaux que vous planterez seront locaux et vivaces, donc bon marché.
Les objets et accessoires de déco seront chinés sur des brocantes et ne devraient pas vous ruiner.
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