Savoir avec quel type de terre on travaille au jardin est essentiel.
Pour le choix des végétaux, pour l'arrosage, pour les engrais, pour l'entretien du jardin en général.
Afin de bien choisir vos plants, vos outils et vos produits phytosanitaires, découvrez sur ce guide comment connaître votre type de sol.
Que contient la terre du jardin ?
Connaître la nature d’un sol apporte énormément d’indications sur ce qu’il est possible ou non de faire, sur les végétaux que l’on peut planter, sur l’arrosage à prévoir, sur les besoins en nutriments…
De quoi est fait le sol ? Qu’est-ce qu’il y a exactement dans la terre ?
La « terre », c’est-à-dire la couche supérieure du sol, c’est l’humus, qui est fait de particules organiques (des micro-organismes, bactéries, champignons, des insectes…) et minérales.
L’humus est une sorte de recyclage permanent de tout ce qui est mort en surface (en grande majorité des branches et feuilles mortes, des cadavres, et des excréments), et décomposé en une substance riche en nutriments, en air et en eau, nécessaires à la vie de tout ce qui est végétal (et animal, par extension).
L’air contenu dans le sol y est introduit grâce au bêchage en partie, mais surtout grâce à l’activité des petits animaux qui sans cesse se chargent d’aérer l’humus en creusant des galeries : lombrics, araignées, limaces, rongeurs, champignons, protozoaires, algues, bactéries…
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Les éléments minéraux contenus dans la terre varient selon les régions. Les plus représentatifs sont le sable, le limon et l’argile.
Plus la terre contient d’argile plus elle est souple et imperméable, et plus elle contient de sable, plus elle est stable, filtrante et perméable. L’idéal étant d’atteindre l’équilibre.
La meilleure terre, qu’on nomme « terre franche » contient idéalement 50 à 70 % de sable et 15 à 20 % d’argile, avec un bon drainage et une bonne rétention d’eau.
Sous l’humus, la couche inférieure est généralement de l’eau. La pluie traverse la terre jusqu’à la roche sur laquelle l’eau s’accumule et constitue une nappe phréatique. Les nappes d’eau souterraines sont absorbées par les végétaux ou pompées par l’activité humaine.
Sous l’eau, la roche et plus généralement le sous-sol, c’est-à-dire les silicates de la croûte terrestre.
Le sable, ou calcaire (sable calcaire)
La terre sableuse et alcaline est mal supportée par de nombreux végétaux.
Le sable draine et permet d’éviter la pourriture racinaire avec une trop grande rétention d’eau. Mais il expose en revanche la terre lors des sécheresses.
Si un sol contient plus de 70 % de sable, il est considéré comme sableux.
Les plantes aromatiques à bois (thym, romarin…), les sauges et les plantes désertiques apprécient les sols sableux. On peut reconnaître un sol sableux à l’œil, à sa végétation spontanée : carotte sauvage, adonis, coquelicot, bleuets, trèfles blancs, verveines officinales, vesces communes, genévriers, sureaux, sorbiers, armoises communes, chiendents, mauves sylvestres, morelles noires, oxalis des fontaines, mourons des oiseaux…
L’argile
Elle fixe les sels minéraux et fournit une terre riche, mais s’accompagne souvent de problèmes d’irrigation et des agrégats d’argile se forment, rendant la terre lourde et peu meuble.
La terre argileuse chargée en eau ne draine pas et présente un risque de pourriture des racines.
En cas de sécheresse, elle va former une croûte et des crevasses dans la terre, qui vont étouffer les racines.
Si un sol contient plus de 25 % de particules argileuses, il est considéré comme sol argileux.
Peu de plantes aiment les terres argileuses. Vous reconnaîtrez une terre argileuse à sa végétation spontanée : pissenlits, bouton d’or, joncs communs, liserons, grandes oseilles, grandes prêles, moutardes des champs…
Le limon
À mi-chemin entre sable et argile, le limon est responsable de l’érosion des sols, car facilement déplacé par les vents.
Si vous prenez une boule de sable limoneux en main, vous aurez une balle lisse et douce, qui ne s’effritera pas (contrairement à la terre sableuse) et qui ne collera pas (contrairement à l’argile).
Le loam
C’est un mix de sable, d’argile et de limon. Cette terre est parfaite pour l’agriculture, car elle conserve l’humidité et draine quand même suffisamment.
Qui plus est elle a une meilleure rétention des nutriments.
La tourbe, un trésor menacé
La tourbe est une terre très noire, à la texture légère et aérée. C’est une terre riche en matière organique, qui a la particularité d’être une véritable « éponge » à eau.
Malgré son bel aspect, cette terre est acide et assez pauvre en nutriments : il faudra lui ajouter de la chaux pour la cultiver, et la travailler.
En effet, la tourbe est un amendement de matières végétales et fait un excellent ajout aux sols de culture, au même titre que le compost.
On trouve trois types de tourbe : tourbe blonde, tourbe brune et tourbe noire, par ordre de teneur en carbone.
La tourbe blonde est la plus fibreuse, et celle qui retient le plus l’eau. On l’utilise beaucoup comme support de culture pour les rempotages, mélangée à du terreau (quasiment tous les sacs de terreaux achetés en jardinerie contiennent de la tourbe blonde).
La tourbe brune est moins fibreuse et plus minérale, et c’est la moins acide des trois.
La tourbe noire est la plus riche, la plus vieille aussi (certaines tourbes ont 12 000 ans !) puisque la décomposition est complète. Ajoutée au sol de culture, elle libère ses nutriments sur le long terme, c’est pourquoi elle est très recherchée par les jardiniers pour :
- alléger les sols lourds
- ameublir les sols argileux
- enrichir le sol
- favoriser l’enracinement
- améliorer la perméabilité
- accélérer l’engazonnement
- accélérer la floraison des plantes à bulbes
- remplacer la terre de bruyère.
Cependant, on sait désormais que l’utilisation de la tourbe dans les jardins et en agriculture crée pose des problèmes environnementaux.
Les tourbières sont devenues fragiles et menacées, car elles ont été surexploitées. Elles abritent une faune et une flore très spécifique que l’exploitation des tourbières a mises en danger d’extinction.
La tourbe est aujourd’hui remplacée par des composts issus essentiellement de terre forestière.
Le label agriculture biologique sur les plantes et terreaux bio assure de l’absence de tourbe dans la préparation.
Comment améliorer la terre du jardin ?
Type de sol | Avantages | Inconvénients | Solutions |
---|---|---|---|
Sol argileux | Riche en nutriments | Lourd | Créez des pentes et drains pour évacuer les eaux de ruissellement |
Sol sableux | Léger | Se dessèche rapidement | Couvrez de mulch. |
Sol calcaire | Filtrant | Alcalin | Bêchez au printemps. |
Sol acide | Vite réchauffé | Pauvre en humus et en micro-organismes | Apportez du calcaire (chaux). |
Sol limoneux | Terre végétale | Se tasse facilement | Chaulez si trop humide. |
Comment analyser la terre du jardin ?
Il est important de connaître la nature du sol avant de choisir les plantations à y faire, ou les apports à envisager.
Il existe plusieurs moyens d’analyser les sols, du test en laboratoire au test à faire soi-même ou à la technique du bocal.
Prélever un échantillon et l’envoyer au laboratoire
- Achetez dans le commerce une mallette analyse de sol contenant un kit d’analyse des sols.
- Suivez les instructions et prélevez un échantillon de sol, dans la couche arable (20 à 30 cm de profondeur) à différents endroits de votre terrain pour que l’échantillon de terre soit représentatif.
- Ne mélangez pas dans votre échantillon plusieurs types de sols : ne prélevez par exemple que des échantillons argileux, ou que des échantillons sableux.
- Mélangez les échantillons prélevés.
- Remplissez le tube de test selon le niveau précisé.
- Envoyez à l’adresse indiquée dans la documentation de votre kit.
- Vous recevrez les résultats de votre analyse de sol en ligne par email ou courrier quelques jours plus tard.
- Ce type de kit coûte moins de 60 €.
- Pour une analyse en profondeur du sol et de ses composants, la quantité à prélever sera d’environ 1 kilo de terre, et les résultats prendront plusieurs semaines à vous parvenir. Le prix sera également plus important.
Faire un test sur place avec une bandelette de test
- Un kit de test à réaliser soi-même coûte généralement moins de 10 €.
- On en trouve dans les grandes surfaces de bricolage, de jardinage, et quelques magasins bio.
- Le kit d’analyse en bandelette permet seulement de connaître le pH du sol.
- Remplissez le tube avec un mélange de prélèvements de sols homogènes, jusqu’au niveau indiqué.
- Ajoutez la solution fournie puis agitez le tube à essai.
- Attendez le temps indiqué par le fabricant et trempez la bandelette de test.
- En quelques secondes vous connaîtrez le pH de votre sol.
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Confier une étude de sol à un bureau d’ingénieur
- Des échantillons géologiques sont prélevés par carottage et des échantillons analysés en laboratoire.
- Le dossier d’analyse rendu est très complet et vous permettre de savoir quelle végétation se plaira dans votre sol et quelles précautions de terrassement prendre, si des drainages sont à envisager…
- Comptez 1000 à 2000 € pour ce genre d’étude.
Tester au toucher et à l’œil : les tests du bocal et de la boulette de terre
Test de la boulette
- Prenez une boulette de terre, par temps sec. Pétrissez-la.
- Si la boulette tient en forme : elle est à dominante argileuse.
- Si elle se défait en petits morceaux : elle est humifère ou limoneuse.
- Si vous n’arrivez pas à former une boulette et que la terre s’échappe entre vos doigts : elle est sablonneuse.
- Si votre sol est de couleur foncée et à texture fibreuse : vous avez une terre contenant une quantité importante de tourbe.
Test du bocal
- Prenez un bocal en verre d’un litre. Remplissez-le au 2/3 d’eau et ajoutez 1/3 de votre échantillon de terre, préalablement bien tamisée.
- Fermez, secouez énergiquement et laissez le mélange reposer.
- Après 24 heures, les couches apparaissent :
couche du bas : sables
couche suivante : limons
couche du haut : argiles - Calculez les pourcentages (exemple : le sable remplit la moitié du bocal =50 %, le tiers=33 %, etc.)
Les nutriments du sol essentiels pour les végétaux
En plus de l’air et de l’eau, les végétaux puisent des nutriments dans la terre, qu’ils font circuler de leurs racines vers leurs feuilles pour les transformer en nourriture organique.
Les principaux sont :
- L’azote (N) : il permet aux parties aériennes (tiges et feuilles) de se développer. L’azote doit être apporté au jardin de manière fréquente, mais en petites quantités pour ne pas s’accumuler dans les racines.
- L’acide phosphorique (P) : cette fois-ci, ce sont les racines des plantes qui vont profiter du phosphore. Il améliore la résistance immunitaire des plantes aux maladies et joue sur la floraison.
- Le potassium (K) : c’est lui qui donne du goût aux fruits, en favorisant l’accumulation des sucres et la rigidité des branches.
- Les oligo-éléments (bore, cuivre, fer, magnésie, molybdène, zinc…) : on ne les retrouve qu’en très faibles quantités dans la terre, et on y remédie souvent avec l’apport d’engrais et fertilisants.
Comment corriger les carences du sol ?
Carence | Symptômes | Solutions |
---|---|---|
Carence en azote | Feuillage pâle ou jaune, surtout sur les feuilles du bas. | Engrais organiques de type sang desséché. |
Carence en phosphore | Le feuillage devient violacé. | Farines de poisson. |
Carence en potassium | Le bord des feuilles brunit. | Potasse.
|
Carence en magnésium | Chlorose : les feuilles jaunissent entre les nervures. | Basalte broyé. |
Carence en calcium | Les feuilles restent petites, et s’enroulent sur le bout (jeunes feuilles). | |
Carence en fer | Les feuilles jaunissent, sauf les veinures qui restent vertes. | Arrosez avec une eau non calcaire. |
Carence en bore | Croissance ralentie des végétaux. | Apportez des oligo-éléments. |
L'acidité du sol
Le pH du sol désigne son alcalinité/acidité.
On trouve aujourd’hui des produits pour baisser ou augmenter l’acidité du sol, mais il est toutefois plus intéressant et plus écologique de tirer parti de cette acidité et d’adapter nos plantations au sol disponible.
En d’autres termes : composez avec ce qui vous est donné par la nature.
Voici les principaux végétaux à planter si votre sol est acide :
Sol acide (pH <6)
Azalée
Bégonia
Brocoli
Bruyère
Camélia
Campanule
Capucine
Chou
Concombre
Conifères
Cornouiller
Courge
Delphinium
Fraisier
Framboisier
Gardénia
Graminées (gazon)
Groseillier
Hêtre
Hortensia
Ifs
Iris
Jonquille
Lis
Lupins
Magnolia
Maïs
Myrtille
Oignon
Patate douce
Persil
Pieris japonaise
Plantes à bulbes
Poivron
Pommier
Primevères
Radis
Rhododendron
Rhubarbe
Souci
Sureau
Tomate
Toutes les plantes de « terre de bruyère »
Vigne
Sol fertile (pH entre 6 et 7)
Tout sauf les plantes qui demandent un sol pauvre : sempervivum, cactées, plantes grasses, plantes du désert…
Sol basique (pH >7)
Ancolie
Anémone
Aulne
Bouleau
Carottes
Céleri
Charme
Clématite
Courges
Échalote
Forsythia
Framboisiers
Haricots
Laitue
Lila
Mâche
Marronnier
Mûrier
Myrtilles
Noisetier
Oeillet
Panais
Peuplier
Pivoine
Pois
Pommes de terre
Primevère
Seringat
Tilleul
Yucca
Comment savoir si mon sol contient des polluants ?
Le sol met des milliers d’années à se constituer. C’est une ressource indispensable à la vie sur terre, et difficilement renouvelable.
Et cependant, en moins d’un siècle d’industrialisation et de pollution, nous sommes parvenus à polluer largement le sous-sol, les nappes phréatiques, et à appauvrir le sol de tout ce qu’il contient.
Décharges sauvages, rejets de polluants émis par les sites industriels et agricoles, déforestation, incendies, routes, villes, surfaces bétonnées, mise en culture de prairies et de forêts, labour, etc. ont largement appauvri le sol depuis des décennies.
On retrouve dans le sol des centaines de métaux lourds, polluants cancérigènes et toxiques.
Une analyse du sol en laboratoire vous coûtera 60 €.
Un investissement minime que nous vous conseillons de faire si vous avez le moindre doute sur la qualité de votre sol (exploitation agricole ou industrielle à proximité, terrain ayant hébergé des activités professionnelles polluantes…)
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Que planter dans un sol argileux ?
L’un des sols les plus problématiques pour le jardinier est le sol argileux. Il a tendance à facilement se transformer en « boue » et à former une croûte de surface très dure avec des fissures dès que la sécheresse se présente.
La lourdeur du sol argileux étouffe les racines, empêche les plants au système racinaire fin de s’installer, et présente un risque de pourriture important.
Pour améliorer la qualité de ce sol, il faut le pailler, lui ajouter du mulch et du compost, du sable, et le travailler beaucoup et longtemps pour l’aérer. N’espérez pas avoir une amélioration significative avant deux ans d’intense labeur.
Vous pouvez par exemple y planter des arbres de milieux humides : saule, cyprès, eucalyptus, aulne, cèdre.
D’autres arbustes, souvent de type ornemental, y trouveront leur place : camélia, arbousier, buis, cornouiller, forsythia, laurier, chèvrefeuille, lilas…
Il faudra toutefois les planter en décaissant suffisamment et en ajoutant du terreau et du compost dans le trou de plantation, par-dessus une couche de gravier ou de billes d’argile.
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