Produit phytosanitaire VS Produit Naturel pour son jardin

Qu'est-ce qu'un produit phytosanitaire ? Un herbicide ? Un pesticide ? Ces produits sont- ils dangereux pour la santé ?

Qui a le droit d'utiliser les produits phytosanitaires au jardin ? Par quoi les remplacer ? 

Que contiennent les produits "utilisés en agriculture biologique" ? Quels sont les risques ? Et comment traiter le jardin sans craindre pour ses légumes ?

Toutes les réponses aux questions importantes sur les produits d'entretien du jardin.

Définition des produits phytosanitaires

Un produit phytosanitaire est un produit destiné au soin des végétaux, que ce soit dans le cas d’une infestation de parasites, de champignons, ou de maladies.

L'intérêt d'utiliser un produit phytosanitaire réside dans les vertus de ces préparations à la fois en traitement préventif et curatif, selon le cas. l

Un produit phytosanitaire peut contenir des substances actives de type chimique (composants de synthèse) ou biologique (composants naturels).

Les produits phytosanitaires font partie de la famille des pesticides, et sont soumis à ce titre à des autorisations de mise en marché et des réglementations quant à leur utilisation.

L’usage des produits phytosanitaires est depuis le 1er janvier 2019 réservé aux professionnels de l’agriculture,

dans le but d’améliorer le rendement des cultures :

  • en limitant leur entretien
  • en assurant une meilleure conservation
  • en éliminant les nuisibles
  • Les engrais et oligo-éléments ne sont donc pas considérés comme des produits phytosanitaires.

Les différentes catégories de produits phytosanitaires 

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi un classement des produits phytosanitaires par catégorie et en fonction de leur toxicité :

Catégorie de produit phytosanitaire

Définition et action

AC

Acaricide (contrôle des acariens)

AP

Aphicide

B

Bactériostatique (sol)

FM

Fumigant

F

Fongicide, autre 

FST

Fongicide, pour le traitement des semences

H

Herbicide

I

Insecticide

IGR

Insecticide régulateur de croissance

IX

Ixodicide (contrôle des tiques)

L

Larvicide

M

Molluscicide (contrôle des limaces)

MT

Miticide

N

Nématocide (contrôle des nématodes à kystes)

O

Autres usages contre les agents pathogènes des plantes

PGR

Régulateur de croissance des plantes

R

Rongicide

RP

Répulsif (espèce)

S

Appliqué au sol, non utilisés avec les herbicides/PGRS

SY

Synergiste

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Composition des produits phytosanitaires 

Le catalogue des produits phytosanitaires et pesticides doit faire mention claire et précise de la nature et de la destination de ceux-ci.

La formulation d’un produit phytosanitaire va répondre à la cible, la persistance recherchée, le mode d’application…

Sa forme peut être :

  • poussière sèche
  • appât granulé sec
  • poudre mouillable à utiliser avec un pulvérisateur
  • émulsion de liquides prête à être diluée
  • concentré émulsifiable (CE)
  • suspension concentrée (SC)
  • formulations à très faible volume (ULV), pour brumisation
  • fumigène
  • aérosol

La composition compte une ou plusieurs substances actives, appelées « matières actives «  (MA) et généralement mortelles pour le ravageur visé. La MA est identifiée par un numéro de produit et un nom chimique. 

Les autres composants renforcent l’action de cette MA : solvant(s), surfactant(s) pour augmenter les capacités d’émulsion, adjuvant(s), vecteur (s) pour faciliter l’application, colorants, parfums.

L’étiquette des produits phytosanitaires doit obligatoirement indiquer les composants, dans la langue locale du pays ou le produit est vendu et faire mention des informations suivantes :

  • marque ou nom commercial
  • raison sociale
  • adresses et numéros de téléphone d’urgence des fabricants et fournisseur
  • type de formulation
  • ingrédients dangereux (MA) et autres
  • propriétés toxicologiques
  • pictogramme des produits phytosanitaires
  • symboles de danger
  • information pour les usagers
  • information sur la culture/ravageur
  • précautions d’emploi
  • consignes de premiers secours

Vous ne trouverez toutefois pas toutes les informations sur une simple étiquette.

Si vous voulez connaître la composition exacte d’un produit phytosanitaire, vous devez vous procurer sa fiche de sécurité (FDS), qui sera fournie sur demande par le fabricant, ou l’importateur local.

Les risques liés aux produits phytosanitaires

Plus de 60 000 tonnes de pesticides sont officiellement utilisées en France chaque année par les agriculteurs. Si 5% de cette quantité l'étaient par desparticuliers jusqu'en 2019, 95% le sont toujours, par les agriculteurs.

La réglementation sur l’utilisation de ces produits est née de la liste inquiétante des répercussions écologiques de l’utilisation de produits phytosanitaires sur la santé de notre planète et de ses habitants (règnes animal et végétal confondus) :

  • Santé : ce sont des perturbateurs endocriniens toxiques pour l’homme et dont les traces se retrouvent dans l’air, le sol, les eaux, les sédiments… Ce qui entraîne à long terme et avec l’exposition répétée (notamment alimentaire) des maladies chroniques, des malformations et des maladies neurologiques. Chez les humains comme chez les animaux. En cas de manipulation et d’exposition prolongée (agriculteurs), des empoisonnements et intoxications aiguës sont rapportés.
  • Environnement : la biodiversité est très clairement mise à mal par l’utilisation de produits phytosanitaires. Intoxication des organismes, anéantissement des réserves alimentaires, troubles de la reproduction et du comportement… Les dérèglements importants (et parfois irréversibles) sur les écosystèmes sont flagrants. Des populations entières d’espèces indispensables (abeilles) sont aujourd’hui menacées.
  • Alimentation : une étude de 2010 a montré que sur l’alimentation normale d’un enfant au cours d’une seule journée, on trouvait la trace de 81 substances chimiques différentes, dont 47 substances cancérigènes et 37 perturbateurs endocriniens issus directement de l’utilisation des produits phytosanitaires...

Que l’on soit agriculteur, résidant des zones proches des champs traités, même habitant urbain, ou animal sauvage ou domestique : tout l’écosystème est perturbé, voire empoisonné par des polluants environnementaux épandus volontairement sur les cultures.

Les désherbants

Le tristement célèbre Roundup, à base de glysophate, des laboratoires Monsanto, a fait des ravages pendant 40 ans dans 130 pays et vendu sous 700 appellations commerciales, occupant 25 % du marché mondial des herbicides.

En 2015, il est déclaré produit phytosanitaire génotoxique et cancérigène.

En 2020, on le retrouve toujours dans les céréales de petit déjeuner, les pâtes… et chez 100 % des échantillons d’urine des personnes  testées.

Les fongicides

Mildiou, le botrytis, l’oïdium, la rouille… sont autant de champignons et moisissures qui compliquent la tâche des agriculteurs.

Très longtemps, depuis la fin du XIXe, on a généreusement eu recours à la bouillie bordelaise, à base de cuivre. Un produit « miracle ».

Malheureusement, le cuivre est particulièrement toxique dans le sol et très toxique pour l’homme.

Les insecticides

Face aux araignées, acariens, et nuisibles minuscules des cultures, le pesticide est arrivé pour contenir ou exterminer les insectes ravageurs et ainsi améliorer le rendement.

Du fait de leur spectre large et non sélectif de l’ennemi à abattre, les pesticides n’ont cependant pas éliminé que les nuisibles, mais aussi les auxiliaires, les pollinisateurs, les oiseaux, les mammifères, et par logique pyramidale, tout l’écosystème.

Abeilles, papillons, coccinelles… La disparition de ces espèces serait sans retour possible pour la vie sur Terre.

Voir aussi : les produits phytosanitaires PDF

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La réglementation des produits phytosanitaires

La loi transition énergétique et produits phytosanitaires pour la croissance verte qui prévoyait la mise en place de l’objectif zéro pesticide est connue sous le nom de « Loi Labbé ».

L’usage des pesticides chimiques est aujourd’hui toujours autorisé pour les agriculteurs et forestiers professionnels.

Textes de référence :

  • Loi n° 2014-110 dite « Loi Labbé » du 6 février 2014, sur l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national.
  • Article 68 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
  • Article L.253-7 du Code rural et de la Pêche maritime.
  • L.253-7 du code rural, arrêté du 4 mai 2017 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants visés à l’article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime, arrêté préfectoral définissant les points d’eau  du 21 juillet 2017.

Depuis le 1er janvier 2019, l’achat de produits phytosanitaires, leur utilisation et détention sont interdits pour les particuliers et jardiniers amateurs à l’exclusion des produits « utilisables en agriculture biologique ».

Cette interdiction est un prolongement de celle faite en 2017 aux espaces publics.

Les produits destinés aux jardiniers amateurs doivent obligatoirement porter la mention « produit pour jardin amateur ».

Comment obtenir le certificat phytosanitaire ?

Le certificat phytosanitaire (Certiphyto) est délivré par les DRAAF-SRAL et atteste de connaissances suffisantes pour sécuriser l’utilisation des produits phytosanitaires par les professionnels qui travaillent avec les pesticides.

Ce certificat d’aptitude est obligatoire depuis 2014. Il est obtenu à la suite d’un examen, ou sur présentation de titre ou diplôme et doit être renouvelé.

Pour vous assurer que votre jardinier dispose de ce certificat, il vous suffit de lui demander son numéro de certificat.

Liste des produits phytosanitaires interdits 2020 (directive 91/414/CEE)


Cette liste est périodiquement révisée, au fur et à mesure de nouveaux éléments d’analyse et de l’évolution des exigences d’innocuité toxicologique et écotoxicologique définies par l’Union Européenne (après étude du dossier toxicologique complet).

Vous trouverez la liste complète des pesticides présents en Europe(en anglais) .

Voici les principaux :

Acide borique
Acide phosphorique
Amitraze
Atrazine
Biphényle
Calciférol
Carbary
Carbofuran
Chlorophacinone
Chlorure de sodium
Cinosulfuron
Clofencet 
Cyanure d’hydrogène 
Cyanure de calcium
Cyanure de sodium
Cyhalothrine 
Dichlobenil 
Dichlorophène
Diméthénamide 
Éthoxyquine 
Flufenzine 

Fluoroacétamide
Formaldéhyde 
Hexaconazole 
Hexaflumuron
Huiles de goudron
Hydrochlorure de quinine 
Hydroxy-8-quinoléine
Hydroxyde d’ammonium
Isoval
Méfluidide 
Mépanipyrim 
Métalaxyl 
Méthyl-6-isopropényle
Méthyl-trans-6-nonénoate
Monolinuron
Naphtalène 
Nitrate de baryum 
o-benzyle-p-chlorphénoxyde de sodium 
Oxyde de calcium
Oxydéméton méthylé
p-dichlorobenzène

Papaïne
Perméthrine 
Peroxyde d’hydrogène 
Propanol
Propanol-2
Sorbate de potassium
Streptomycine
Strychnine
Sulfamate d'ammonium 
Sulfate d'aluminium
Tétrathlocarbonate de sodium 
Thidiazuron
Thiourée
Triflumizole
Trifluraline 
Trimedlure

Le cas du cuivre en agriculture biologique

Le cuivre est un antifongique universellement utilisé, y compris en agriculture biologique, dans la fameuse bouillie bordelaise.

Ce qui n’est pas sans poser de problèmes.

Le cuivre est très lessivable et il faut en appliquer beaucoup et souvent.

Il est très toxique sur la plupart des espèces végétales dont il freine la croissance et chez lesquelles il crée une carence en fer (chlorose) souvent accompagnée d’autres symptômes (diminution du nombre de branches, couleur foncée des racines qui s’épaississent…)

Le cuivre n’est pas biodégradable et s’accumule dans le sol au point que certaines parcelles de viticulture sont désormais exemptes de microorganismes utiles à la biomasse et à l’humus du sol. Il engendre également une altération substantielle de la rhizosphère et un ralentissement des radicelles. 

Le cuivre est toxique pour les poissons. Il est classé en substance indésirable pour les eaux destinées à la consommation humaine.

En utilisation prolongée il conduit à des résistances. 

Puis-je utiliser un insecticide dans mon jardin ?

À condition que le produits phytosanitaire porte la mention "utilisation autorisée dans le jardin amateur".

Dans la mesure du possible, préférez une alternative écologique

Les produits phytosanitaires utilisées en agriculture biologique sont-ils bons pour la santé ?

Non. Ils contiennent des toxines. Si vous devez vraiment les utiliser, évite de le faire au potager ou au verger. Pour vos fruits et légumes, préférez des solutions naturelles et sans produits toxiques.

Phytosanitaire chimique et phytosanitaire bio : quelles différences ?

Tous les pesticides ne sont pas chimiques. Il existe des produits phytosanitaires utilisables en agriculture biologique et qui font appel à certaines toxines naturelles présentes dans les végétaux.

Ce qui ne veut pas dire que ces produits sont inoffensifs. Il faut savoir que certaines de ces toxines naturelles sont parfois 1000 fois plus puissantes à l’état pur que les toxines de synthèse.

Si les insecticides et herbicides « bio » sont donc bien biosourcés, et dénués de composants chimiques, ils n’en sont pas pour autant dénués de toxicité…

La pyréthrine par exemple, utilisée contre les moustiques et extraite des chrysanthèmes, est rapidement léthale pour les organismes aquatiques.

Le label « utilisable en Ariculture biologique » que l’on retrouve sur des herbicides et pesticides dans le bio en Europe n’est donc pas toujours une garantie de non-dangerosité et de démarche environnementale…

Comme dirait Paracelse : "Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison."

Liste des produits phytosanitaires autorisés en agriculture biologique

Le ministère en charge de l’Agriculture a établi une liste de produits de biocontrôle utilisables dans le cadre de la lutte intégrée et en accord avec les exigences écologiques, économiques et toxicologiques réglementaires.

    Les composants actifs et naturels de ces produits phytosanitaires bio autorisés sont de 4 natures différentes :

  1. Macro-organismes : des invertébrés, insectes, acariens ou nématodes utilisés de façon raisonnée
  2. Microorganismes : des champignons, bactéries et virus
  3. Médiateurs chimiques : des phéromones d’insectes et les kairomones, par la méthode de confusion sexuelle
  4. Substances naturelles (origine végétale, animale ou minérale) : extraits de plantes, huiles, soufre, bicarbonate…

Amylo-X Jardin
Anticochenilles Bio Masso
Arb'hiver Jardin
Argi Jardin
Bacivers Df Jardin
Bouillie bordelaise express
Carpovirusine 2000
Cito Fast
Clonex
Cuproxat Pret A L’emploi
Deserbvert
Detrui-Mousse

Doff Anti-Limaces Et Escargots
Eradikamousse
Ferramol
Ferrimax
Fructifia
Glu Navarre
Herbatak Contact
Herbiclean Allees
Herbistop
Insectes et Maladies
Isomate-Jardin
Labelis

Limafer Jardin
Mastic À cicatriser à froid
Nativert
Naturen
Raidmouss Jardin
Romeo Garden
Starnet
Stop'herbe
Turbopads Jardin
Vacciplant Jardins
Weedol Express

Il existe également des produits naturels utilisables en agriculture biologique et qui ne sont pas des préparations phytosanitaires :

  • Les traitements naturels contre les maladies des fruitiers à pépins sont par exemple : les purins d'ortie ou de prêle contre l'oidum, le badigeonnage des arbres à la chaux contre les champignons.
  • Les traitements naturels contre les maladies des fruitiers à noyaux sont quant à eux : les solutions cuivrées (bouillie bordelaise), à utiliser avec parcimonie !

Les alternatives naturelles aux insecticides

De nombreuses plantes peuvent servir de pesticide naturel, en purin.

L’odeur du purin de sureau, par exemple, tient les campagnols à distance. Le purin d’ortie tue les pucerons et renforce vos plantes, pour leur permettre de résister aux attaques des nuisibles.

Le gluten de maïs empêche la formation des racines des graminées, dispersé sur les adventices des allées. Il suffit de s’assurer d’humidifier la zone traitée.

L’eau de cuisson de pommes de terre ou du riz additionnée d’un peu de savon liquide adhérera bien aux feuilles et en bouchant les pores des mauvaises herbes, les feront mourir.

L’eau très chaude au-dessus de 70 °C peut également être utilisée pour désherber.